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Blois Kendo
7 août 2011

De l’intérêt du Kendo no kata (3/4)

bonjour,

voici la 3ème partie de l'étude de l'intérêt du kendo no kata. Comme d'habitude, j'attends vos avis et demandes de correction!

à+

Olivier

Le kendo no kata : un combat

 

Noma Hisashi (1) le rappelle : lors d’un kata, on fait face à un adversaire comme si on possédait un vrai sabre. On ne doit pas pratiquer le kendo no kata comme si c’était simplement une chorégraphie sans âme, une suite de mouvements techniques ajoutés les uns aux autres. Non, c’est un vrai combat et chaque séquence d’un kata doit être considérée comme utilisable en shiaï geiko.

Ozawa Hiroshi (6) insiste en affirmant que la pratique régulière du kata dans l’entraînement élèvera le niveau et la qualité de la pratique au shinaï.

 

En 1974, la ZNKR (2) publia Les Bases du Kendo où elle lista les 5 effets bénéfiques de la pratique du kendo no kata.

Dans Kendo, the definitive guide, Ozawa Hiroshi (6) les complète avec 4 autres enseignements des kata :

 

1)      posture correcte. Les kata permettent de travailler les déplacements, les  techniques, les positions et les gardes (kamae). Les kata contribuent à rendre les mouvements du corps plus logiques et plus efficaces.

2)      Une vision claire, la capacité de percevoir les intentions de l’adversaire. On retrouve ici la notion de zanshin : rester attentif, sans idée préconçue (non pensée), prêt à répondre à toute initative de l’adversaire.

3)      Respect des mouvements du sabre : le bokuto, reproduit la forme et la saisie du katana, obligeant le kendoka a retrouvé la « sensation » du sabre et donc de respecter direction et angle de coupe corrects. Ainsi, les kata développent l’aptitude à trouver la direction correcte des datotsu (coupes et estoc autorisés) et à exécuter les uchi (coupes) et les tsuki (estoc) sans rupture d’équilibre.

4)      Vitesse des mouvements : les kata effectués de façon sincère se font dans un rythme déterminé, avec des phases plus lentes et plus rapides. Les attaques ou contre-attaques se font avec souplesse et rapidité.

5)      Précision des coupes et piques : la pratique avec le bokuto nécessite le développement du Kiaï kihaku, la sincérité et concentration (martiales) dans l'exécution des techniques. L’objectif dans les kata est de couper et non frapper ou toucher, et l’absence de protection du partenaire crée une tension et une concentration indispensable pour la précision des geste et la maîtrise des coupes (afin de ne pas blesser le partenaire !).

6)      La compréhension du maai (intervalle spatial et temporel entre les deux partenaires) : une attaque ne peut être efficace que si la distance est correcte. Cette notion parfois difficile à saisir avec un shinaï devient évidente avec un bokuto.

7)      Un moyen de développer le kigurai (fierté) : le travail assidu du kendo no kata doit permettre le développement du ki, esprit, cœur et énergie, d’où résulte un sens de la dignité et la force du corps et de l’esprit. « les mouvements d'un homme en qui l'esprit du ki est actif reflètent une certaine fierté dans sa grâce et sa mobilité» (Nakano Y. Sensei).

8)      Un moyen de développer le kiaï, la projection du fighting spirit (esprit combatif) dans un cri, provenant du plus profond de la respiration.

9)      L’apprentissage de nombreuses techniques, tout à fait applicables en shiaï geiko. 

 

On peut encore rajouter la notion de reigi (étiquette) qui permet de travailler une attitude correcte face au partenaire de kendo.

 

 

Inoue Yoshihiko (8) nous donne 5 points sur lesquels porter une attention particulière afin   d’avoir une appréhension correcte du kendo no kata:

 

1. l’étiquette avant et après le tachiai, ainsi que les manipulations du bokuto.

2. l’utilisation correcte du bokuto. Celà comprend des notions comme hasuji (sens de la coupe), tenouchi (utilisation des mains), rôle du shinogi, etc…

3. la compréhension de la relation entre uchidachi et shidachi, l’union des respirations, sans jamais oublier qu’en principe shidachi ne bouge pas avant uchidachi.

4. l’opportunité de l’attaque au moment où uchidachi parvient à l’endroit propice à l’engagement. Il faut saisir l’opportunité de l’attaque et exécuter l’attaque correctement. Shidachi ne doit pas manquer l’occasion de vaincre et d’atteindre sa cible (datotsu-bui) avec précision.

5. le maintien du contact oculaire durant l’exécution du kata, le contrôle de la respiration et le zanshin. Les protagonistes doivent être concentrés et inspirés du début à la fin.

 

 

 

Kirikaeshi entraîne le corps,
les kata enseignent les principes et les méthodes

(Ozawa Hiroshi)

 

Aujourd’hui, les kata de kendo sont clairement définis dans leur forme, et leur pratique est identique quelque soit le dojo, sa latitude et sa longitude. Même si on peut remarquer quelques légères variantes dans le scénario enseigné (certains senseï privilégiant le côté guerrier alors que d’autres insisteront sur l’harmonie entre les deux pratiquants), le kendo no kata est immuable.

 

kata2008-3

Séance Kata à l’ADAKI Blois (2008, photo © xxxx )

Dans son livre « vertus martiales » (7), le docteur Charles Hackney nous dit que les pratiquants d’arts martiaux reconnaîtront les principes confucianistes qui peuvent être appliqués à l’usage des kata dans l’entraînement : « la répétition de comportements précis s’appuyant sur une méthode appropriée a pour objectif d’intérioriser les principes d’une action, d’une pensée et d’une émotion correcte ». Et il ajoute : « au fur et à mesure que la maîtrise de ces principes s’accroît, l’élève gagne progressivement en flexibilité et finalement en autonomie par rapport aux règles spécifiques ». D’origine confucianiste, bouddhiste ou shintoïste, voire probablement un mélange de toutes ces influences spirituelles, on retrouve bien là un principe qui régit les arts martiaux japonais : c’est après de nombreuses répétitions, tout d’abord mécaniques, que l’élève va intérioriser les principes… Après la connaissance de la forme, viendra celle du fonds.

Le kendoka devra donc passer par cette phase d’apprentissage du scénario et de l’histoire de chacun des kata, mais il ne faut pas considérer le kendo no kata uniquement comme une simple chorégraphie ou « pièce de théatre ».  Le kendo no kata n’est pas un concerto écrit pour deux sabres dont les seules notes sont « yah » et «  tô » !!

 

Le kendo no kata est un combat.

 

Les 10 kata du kendo se pratiquent entre deux partenaires, uchidachi et shidashi. Pour les sept premiers kata, les deux partenaires sont armés d’un tachi (sabre long), alors que pour les trois derniers kata shidachi est armé d’un kodachi (sabre court).

 

[ ... à suivre: Uchidachi : le professeur, règles de bases du kendo no kata, ........]



 

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